B I B I M B A P

Les mains c'est traitre ça peut vous faire croire n'importe quoi. Ses mains elles avaient l'air rassurantes comme ça au premier coup d'oeil. Et moi je suis tombée dans le panneau, jusqu'au bout je suis tombée dans le panneau. C'est fou à quel point je pouvais être aussi naïve. Si j'avais su, si j'avais eu un peu de tact pour comprendre. Si dès le départ j'étais partie. Et dire que j'avais peur d'être en retard, ou de ne pas trouver cette foutue adresse. C'est compliquée les adresses japonaises, il n'y a pas de noms de rues. Juste une série de numéros et le nom du quartier. J'avais achetée une boisson à la mangue sur le chemin. Mais j'savais pas que je la vomirais une heure plus tard. On a bu une sorte de punch japonais, c'était doux et rassurant. Il en a bu plus que moi parce qu'à cette époque là j'étais pas trop alcool encore, disons que ça me chatouillait pas plus que ça. Mais pour faire la grande j'avais gouté. J'ai peut être trop fait la grande justement. Je ne peux pas dire aujourd'hui, non je ne l'avais pas séduit. Ce serait mentir, bien sur que j'ai voulu plaire. Je me négligeais depuis quelques temps, et ce jour là j'avais fait un effort, comme à la soirée qui avait précédé. C'est peut être l'erreur. Enfin, une erreur parmi tant d'autres. La première c'est d'avoir accepté. Il faut croire ses parents quand ils vous disent de ne pas accepter les propositions d'étrangers. Depuis je ne fais plus vraiment confiance aux mains. Ni aux hommes. Ni au punch d'ailleurs. Ni aux cartes de visite. Ni aux petits appartements exigus. Ni aux tapis chauffant. Ni au visage qui s'approche du mien trop rapidement. Ni aux jupes de lycéennes. Je ne me fais plus confiance non plus. De toute manière je fais toujours le mauvais choix. La deuxième erreur c'est d'en avoir parlé. J'enterre donc ici à tout jamais, mon viol.